Le radon est un gaz radioactif

loupeLe radon (222Rn) est un gaz naturel radioactif qui provient de la chaîne de désintégration radioactive de l’uranium (238U) naturellement présent dans les roches granitiques et volcaniques.

L’uranium se désintègre en radium (226Ra) qui se désintègre en radon, sous forme gazeuse, qui remonte à la surface du sol par les fissures des roches et la porosité des sols. Le gaz radon a une demi-vie de 4 jours et se désintègre en radioéléments solides tels que le polonium (218Po) et le plomb (214Pb). Le radon et ses descendants solides émettent des rayonnements α peu pénétrants mais très énergétiques.

Le radon dans l’environnement

L’exposition au radon représente en France le tiers de l’exposition moyenne de la population aux rayonnements ionisants à égalité avec les expositions médicales.

De fortes disparités existent dues à la géologie. Ainsi, l’IRSN a établi en 2010 une carte du potentiel géologique du radon qui montre que le radon est très présent dans les massifs granitiques (Massif Armoricain, Vosges, Alpes, Pyrénées, Corse) et volcaniques (Auvergne) – cf Carte 1. Les mesures récentes ont révélé la présence de radon dans les zones sédimentaires, dans les zones karstiques notamment (le karst est une formation calcaire présentant des cavités créées par érosion hydrochimique). Une étude menée par l’IRSN sur saisine du ministère chargé de la santé est actuellement en cours sur 2 sites karstiques du Doubs pour caractériser l’exhalaison de radon dans le karst. La carte du potentiel radon des formations géologiques est disponible sur le site de l'IRSN

Des mesures du radon ont été réalisées dans les habitations dans les années 80 sur tout le territoire national : la moyenne arithmétique est 90 Bq/m3. En Franche-Comté, les moyennes sont pour le Doubs 178 Bq/m3, le Territoire de Belfort 137 Bq/m3, la Haute-Saône 101 Bq/m3 et le Jura 92 Bq/m3. La carte des activités volumiques du radon dans les habitations est disponible sur le site de l'IRSN

Le radon dans les bâtiments

Compte tenu de nos modes de vie actuels où l’on passe plus de temps à l’intérieur et dans des bâtiments plus calfeutrés qu’autrefois, l’exposition au radon est devenue une préoccupation de santé publique.

L’accumulation du radon dans un bâtiment dépend de 2 mécanismes. Premièrement, le mécanisme d’entrée : le radon pénètre dans un bâtiment à la faveur de défauts d’étanchéité de l’interface sol-bâtiment (fissures, trappes…). Ce phénomène s’explique par la convection liée à la dépression du bâtiment, accentué en hiver, par le chauffage. Deuxièmement, le mécanisme d’extraction : le radon s’accumule dans le bâtiment si celui-ci est peu ventilé et peu aéré. Ce phénomène s’est accentué depuis les années 70 et les économies d’énergie et peut perdurer avec la réglementation thermique de 2012 si elle n’est pas mise en œuvre en tenant compte de la qualité de l’air intérieur.

Le radon et ses effets sur la santé

Le radon est un cancérigène pulmonaire reconnu depuis 1987 et suspecté chez les mineurs d’uranium depuis plusieurs siècles.radio poumon

Les premiers soupçons…

Le lien entre mines uranifères et cancer du poumon apparaît dès le XVème siècle en Saxe dans le Schneeberg et dans la région de Joachimstal en Bohême. En 1567 une mortalité importante est constatée chez les mineurs, liée à une affection appelée « maladie respiratoire du Schneeberg ». Au cours du XVIIème et XVIIIème siècle, la fréquence de cette affection augmente avec l’exploitation des mines d’argent, de cuivre et de cobalt. En 1879, un lien avec le cancer du poumon est avancé (alors que le tabagisme est peu répandu). Pierre et Marie Curie découvrent le radium en 1898 et les premières mesures confirment la radioactivité présente dans les mines. En 1923, le terme radon est retenu par une commission internationale et l’origine professionnelle fut proposée l’année d’après pour les mineurs du Schneeberg.

Le radon cancérigène pulmonaire certain

Quand le radon est inhalé, ses descendants solides se déposent sur l’épithélium bronchique pouvant créer des lésions du double-brin de l’ADN et ainsi initier un cancer du poumon.

En 1987, le radon a été reconnu par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) cancérigène pulmonaire pour l'homme, sur la double base d'études expérimentales animales et d'études épidémiologiques chez les mineurs d'uranium.

Risque sanitaire lié au radon

Les études épidémiologiques ont montré que le risque de cancer du poumon augmente de 16 % par accroissement de 100 Bq/m3 de radon mesuré et que le radon joue un rôle amplificateur chez les fumeurs exposés au radon. En France, 5 à 12% des cancers du poumon seraient attribuables au radon.

L’estimation du risque par les études épidémiologiques

Une étude de cohorte[1] portant sur 5098 mineurs d’uranium français de 1946 à 1994 menée par l’IRSN en 2004[2]sup> a confirmé l’existence d’une relation entre le risque de cancer du poumon et l’exposition cumulée des mineurs au radon, y compris à un faible niveau d’exposition.

En 2004 ont été publiés les résultats d’une analyse conjointe de 13 études cas-témoins[3] en population générale de 9 pays européens, incluant 21 356 individus (7 148 cas de cancer du poumon et 14 208 témoins) dont l’exposition durant les 34 années précédentes était en moyenne de 104 Bq/m3 pour les cas et de 97 Bq/m3 pour les témoins, parmi lesquels 14 292 étaient fumeurs (6 040 cas et 8 252 témoins) et 7 064 étaient non fumeurs (1 108 cas et 5 956 témoins).

La relation dose-effet semble être linéaire sans seuil minimal. La relation linéaire reste significative même pour des concentrations mesurées inférieures à 200 Bq/m3. Quelles que soient les habitudes tabagiques, le risque de cancer du poumon augmente de 16 % par accroissement de 100 Bq/m3 de radon mesuré.

La relation estimée chez les mineurs apparaît tout à fait cohérente avec celle obtenue dans le cadre des études menées en population générale sur le risque de cancer du poumon et l’inhalation du radon dans les habitations comme le montre le graphique 1.

A des taux de radon habituels de 0, 100, 400 et 800 Bq/m3, respectivement, les risques absolus cumulatifs de cancer du poumon à l’âge de 75 ans sont de 0,41 %, 0,47 %, 0,67 % et 0,93 % pour les personnes n’ayant jamais fumé et de 10,1 %, 11,6 %, 16,0 % et 21,6 % pour les fumeurs de cigarettes (graphique 2). Quels que soient les niveaux de radon, un fumeur a 25 plus de risque d’avoir un cancer du poumon qu’un non-fumeur. Un fumeur exposé à 800 Bq/m3 de radon a 2 fois plus de risque d’avoir un cancer du poumon (21,6%) que s’il n’est pas exposé (10,1%). Ainsi, si le tabac est un facteur initiateur du cancer du poumon, le radon est un facteur amplificateur.

L’exposition au radon serait le deuxième facteur de risque du cancer du poumon, loin du facteur de risque majeur que représente le tabagisme.

La quantification du risque sanitaire

L’étude de l’InVS publiée en 2007[4] a quantifié le nombre de décès attribuables au radon en France en utilisant l’ensemble des données disponibles sur la relation entre l’exposition et le risque de cancer du poumon et sur l’estimation des expositions de la population française. La fraction de cancers du poumon attribuables au radon domestique en France serait de 5% à 12%, soit un nombre annuel de décès variant de 1234 à 2913 en fonction des relations exposition-réponse utilisées.


[1] Etude de cohorte : consiste à comparer la survenue d’une maladie entre un groupe exposé et un groupe non ou moins exposé.

[2] Épidémiologie du risque de cancer du poumon associé à l’exposition au radon. IRSN - Rapport scientifique et technique 2005. Dominique Laurier Laboratoire d’épidémiologie des rayonnements ionisants

[3] Etude cas-témoins : consiste à comparer rétrospectivement l’exposition entre un groupe de sujets malades et un groupe de sujets sains.

[4] Évaluation de l’impact sanitaire de l’exposition domestique au radon en France. Olivier Catelinois. BEH 15 mai 2007 n°18-19

Les voies d'entrée du radon dans un bâtiment

La surface de contact avec le sol d'un bâtiment est la cause principale de pénétration du radon. Cette surface peut présenter de nombreux défauts d'étanchéité qui sont autant de points d'entrée de radon potentiels dans le bâtiment. 

Ces principales voies d'entrée dans un bâtiment sont : 

  • des fissures dans la dalle du plancher bas,
  • les planchers bois ou poraux ne reposant pas sur une dalle bétonnée, cave en terre battue,
  • des fissures de retrait en périphérie du dallage béton,
  • les passages réalisés dans la dalle du plancher bas pour la traversée des voiries et réseaux divers (VRD),
  • les cavités dans le doublage des murs enterrés, 
  • les fissures dans les murs enterrés, 
  • les prises d'air des cheminées ou poêles non étanches,
  • les siphons au sol restés secs. 

Dans des cas particuliers, le radon peut avoir comme origine les matériaux de construction par exemple (roche granitique...).

Le transport du radon vers le bâtiment dépend de nombreux paramètres du sol : 

  • teneur en uranium,
  • perméabilité,
  • facturations, phénomènes karstiques, 
  • présence d'une nappe souterraine. 

Le principal mécanisme d'entrée du radon est le transport convectif par transfert de l'air contenu dans la porosité des sols vers le bâtiment. Ce phénomène est particulièrement actif en période d'utilisation du chauffage où l'air d'un bâtiment est plus chaud que l'air extérieur. L'effet de tirage thermique crée alors une légère dépression sous le bâtiment. Cette différence de pression entraîne un mouvement de l'air vers l'intérieur du bâtiment. Un mécanime de transfert secondaire est le transfert diffusif. Il s'agit d'un phénomène de rééquilibre et de transfert de polluant entre deux volumes séparés au travers d'une paroi plus ou moins poreuse. Ce phénomène agit alors même en l'absence de tirage thermique lorsque l'interface entre le sol et le bâti est extrêment poreux, cas d'un sol en terre battue par exemple.

Connexion